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Cet événement nous a replongé, le temps d'une journée, vers les racines souvent oubliées de notre village ; vers l'Isère, cette voisine aujourd'hui endormie et oubliée, mais qui fut dans sa jeunesse sauvage, au cœur du quotidien de nos ancêtres.
Accueillis par la barque du Prosper Gamet à l'entrée, nous avons appris pendant la visite de cette exposition, que notre village n'existait pas il y a quelques milliers d'années, que ce lieu d'abord enfoui sous des centaines de mètres de glace, le fut ensuite sous un lac qui disparut il y a 3 500 ans, pour laisser place à la rivière Isère.
* Voir passer à l'horizon de la commune, les trains de bateaux descendant le minerai de fer du Haut-Grésivaudan, accoster au port de la «Matelotte» pour alimenter les taillanderies et forges de la vallée de la Fure ou à celui de St Gervais pour la canonnerie royale; puis d'autres convois remontant le sel du midi vers Grenoble et la Savoie au pas lent des bœufs qui, à partir du XVII siècle, remplacèrent le halage humain. Enfin jusqu'au début du XXème siècle, descendre les radeaux de sapins du Vercors et des autres massifs, embarcations titanesques de plusieurs dizaines de mètres de long difficilement maîtrisables sur un cours impétueux.
* Les grognards de Napoléon cantonnés à St Quentin en 1814, observant l'ennemi (coalition austro-sarde) bloqués sur la rive droite par cette barrière difficilement franchissable.
* Cette volonté tenace de nos ancêtres pour communiquer et commercer avec le reste du canton situé rive droite ; les traversées aléatoires furent facilitées dès la fin du XVIIème siècle par l'installation de bacs à traille publics (Échaillon, Pont de St Quentin, les Brunières). Au milieu du XIXème siècle, un trait d'union fut posé entre les deux rives avec un pont suspendu ; d'abord privé et à péage, il fut ensuite ouvert gratuitement à tous. Enfin dans les années 1930, ce pont fut remplacé par un pont en béton armé en arc à tablier suspendu, plus moderne ; ce dernier, la modernité passant avec le temps, va à son tour être remplacé dans les deux prochaines années.
* Le cœur d'activité économique autour de ce long ruban d'eau. Des marchandises étaient produites en un lieu (à St Quentin, une vingtaine de tuileries existait à la fin du XVIIIème siècle, alimentant la région grâce à la navigation); et leur transport vers les lieux de transformation ou d'emploi généraient une multitude de besoins et de métiers : bois et bûcherons pour les bateaux, fustiers pour les construire, cordiers pour fabriquer les cordages et «henses», cultivateurs pour produire le chanvre, et bien sûr, des mariniers pour assurer le transport. La réputation des mariniers de St Quentin ne se fit qu'à la fin du XVIIIème siècle, le tiers des hommes actifs de la commune étaient mariniers sur l'Isère et le Rhône. Puis le déclin rapide du transport fluvial vit disparaître ces activités vers le milieu du XIXème siècle.
* Enfin, au moins aussi forte que leur envie de traverser le lit de la rivière, nos ancêtres ont été habités par la volonté de domestiquer et d'encadrer cette sauvageonne qui rendait la vallée peu exploitable, et au cours des siècles, l'ont cantonnée dans le corset rigide des digues. Cela se traduisit par un gain considérable de terrains devenus cultivables et occasionna des luttes farouches entre individus ou entre communes et l'utilisation de procédés parfois discutables.
On s'aperçoit que l'on dérive facilement quand on se laisse embarquer par l'Isère…! Beaucoup de visiteurs de l'exposition trouvèrent ce voyage d'une journée trop court pour profiter de l'ampleur de l'information présentée, et se pose maintenant à nous, la façon de pérenniser cette fresque recréée.